Scénographie Concept
François Tomsu, scénographe

Le contexte est celui d'un cirque abandonné, poussiéreux, qu'une troupe de saltimbanques a découvert et dans lequel les comédiens décident de (re)jouer Cendrillon. Le texte de Joël Pommerat est une réécriture de Cendrillon, et une écriture de plateau. Le défi pour cette création fut alors de respecter cette écriture sans pour autant recopier la mise en scène de Pommerat. Pour la scénographie, costumes et accessoires, ce fut la même démarche de proximité et d'échanges permanents avec ce qui se produisait en répétitions. Une adaptation permanente et réactivité souvent en temps réel ont été nécessaires pour la réalisation de ce spectacle.
Ce à quoi est venu s'ajouter une difficulté supplémentaire : ce très beau texte est construit de manière cinématographique, fait d'une succession de scènes courtes avec de nombreux changements de décors d'une scène à l'autre. Joël Pommerat, dans sa mise en scène, a fait largement appel à la vidéo pour trouver la fluidité dans son spectacle. Avec Philippe Flahaut, nous avons choisi de faire un travail important sur l'ellipse donnant ainsi naissance à une succession de tableaux minimalistes, afin de ne pas utiliser la vidéo...

Cendrillon

De Joël Pommerat / Création 2016 à la Maison du Peuple - Millau
Mise en scène de Philippe Flahaut / Musique originale : Jean-Raymond Gélis / Scénographie : François Tomsu / Lumières : Mickaël Vigier / Son : Fabien Salabert
Avec : Marie des Neiges Flahaut, Cécile Flahaut, Laura Flahaut, Gine Hongens-Grédoire Vincent Dubus, Kévin Perez, Serge Roussel, Thomas Tréholan, Inelle Jouve
Musicien : Jean-Raymond Gélis

L'un des questionnements scénographiques de cette pièce est la place du spectateur, de sa position en tant que "voyeur involontaire". C'est à dire de la position que lui impose la configuration architecturale du théâtre à l'italienne dont nous sommes encore largement les héritiers. C'est aussi la question de ce que l'on vient voir au théâtre, et dans quelles prédispositions.
Le spectateur est installé face un décor évoquant à la fois la désolation d'une usine désaffectée et l'asile psychiatrique d'un autre temps. Des murs décrépis au travers desquels des personnages mystérieux apparaissent tels des spectres shakespeariens, une baignoire ancienne en zinc, des piles de livres poussiéreux, du mobilier médical en tubes d'acier, de vieux téléviseurs et une caméra de contrôle ou d'observation de ce qui se joue à chaque instant de cette montée dramatique, cette escalade vers la folie...
Le dispositif est légèrement décalé en diagonale comme pour forcer la perspective, favoriser l'immersion du spectateur et transgresser la frontalité, laissant de grandes zones vides et quelques accessoires inutiles qui permettent d'y projeter son propre imaginaire. La musique en direct, l'environnement sonore et la lumière, la scénographie et les costumes, composent une partition envoûtante qui monte crecendo jusqu'au paroxisme, orchestrée par le travail de mise en scène méticuleux et sans concession de Philippe Flahaut.

Roméo... Clin d'oeil à William S.

De Filip Forgeau, d’après William Shakespeare / Création 2014 à La Fabrique - Scène Conventionnée de Guéret
Mise en scène de Philippe Flahaut / Musique originale : Jean-Raymond Gélis / Scénographie : François Tomsu / Costumes : Hélène Bertrand / Lumières : Mickaël Vigier / Son : Fabien Salabert
Avec : Laura Flahaut / Théo Kermel / Jean-Raymond Gélis

Un grand plateau pour un spectacle jeune public, non pas pour faire du "remplissage", mais pour donner un format à la hauteur de nos rêves de théâtre. C'est un no man's land lunaire que nous avons dressé sur cette scène pour emmener les spectateurs dans un voyage onirique. La scénographie s'est naturellement orientée verticalement, comme pourrait l'être le regard de l'enfance vers le monde adulte, dans lequel l'enfant imprime des images la journée, qu'il revisite la nuit en songes heureux ou effrayants. Ainsi des sabliers géants diffusent le temps, une échelle infinie invite à contempler ou à visiter d'en haut ce qui se passe, ce qui s'est passé, une marionnette échouée dans un coin de ce désert s'anime soudain, et puis s'éteint à nouveau...

La création de Blanche, la nuit a été accompagnée d'un stage "scénographies imaginaires" que j'ai animé pour une vingtaine de participants, avec exposition des maquettes réalisées dans le théâtre.

Blanche, la nuit

De Filip Forgeau / Création 2012 à la Maison du Peuple - Millau
Mise en scène : Philippe Flahaut / Scénographie : François Tomsu / Lumières : Mickaël Vigier / Danse : Octavie Bernard / Costumes : Hélène Bertrand / Film : AnderAnderA Production
Avec : Marie des Neiges Flahaut / Vincent Dubus / Kévin Perez

Ce premier spectacle où j'ai rencontré Philippe Flahaut était une commande à laquelle il était nécessaire de répondre dans l'urgence. Nous n'avons pas eu le temps de "bavarder" beaucoup, il fallait agir promptement ! Dès la première répétition nous savions que chaque jour apporterait une pierre à l'édifice. La scénographie s'est construite à partir de quelques matériaux "pauvres" : un sac de tourbe, un rouleau de tissu blanc et un bouquet de roses... Nous éprouvions dans l'instant toute proposition, avec l'acteur Kévin Perez et le texte commandé à l'auteur Filip Forgeau. L'espace s'est progressivement transformé en une vision cahotique, de fin du monde ou d'après bombardement. Un filet de sable qui s'écoule du plafond au fil de la représentation, une terre de cimetière couvrant le plateau où sont dispersés des débris de vaisselle cassée tels des ossements, une table vide de fin de repas dont la nappe s'étale sur le sol à l'infini comme un linceul...

Federico(s)

De Filip Forgeau / Création 2012 à la Fabrick - Millau
Mise en scène : Philippe Flahaut / Scénographie : François Tomsu / Lumières : Mickaël Vigier
Avec : Kévin Perez

La vie de la compagnie est très importante pour Philippe Flahaut. Tous sont concernés, acteurs et techniciens. Ainsi pour des raisons de cohésion de l'équipe, divers projets peuvent être proposés en cours d'année. Ateliers, lectures, interventions artistiques, performances, ou encore réunion autour d'un texte, par simple envie, désir de l'entendre dans la bouche, de le lire dans le corps des acteurs. "Les Justes" d'Albert Camus ont eu cette approche désintéressée, et ce projet créé avec juste l'enthousiasme et l'énergie, est aujourd'hui un spectacle au répertoire de la compagnie...
Dans cette expérience, la scénographie s'empoie à réunir spectateurs et acteurs autour de la même table, et comme pour suivre l'intrigue au plus près, invite les spectateurs à plusieurs déplacements dans des lieux différents, une scénographie à recomposer in situ pour chaque série de représentations en fonction de l'architecture des lieux proposés : théâtres, granges, maisons...

"Mon ami le banc" est l'un des derniers textes publiés par Emmanuel Darley avant sa disparition. Filip Forgeau et Philippe Flahaut se sont associés pour la mise en scène et m'ont confié la scénographie. L'inspiration de Philippe Flahaut est allée vers le souvenir de "La classe morte" de Tadeusz Kantor. Il m'a donné l'occasion de reconstruire de façon très réaliste les pupitres et personnages figés de cette classe morte, comme un écrin pour la mémoire.