Je me suis toujours prêté avec plaisir à l'exercice de transmission. Ayant beaucoup appris des autres, il m'est évident à mon tour de partager ces connaissances acquises par l'expérience. Ce que j'ai découvert à travers différents ateliers que j'ai encadrés notamment en milieu scolaire, c'est qu'il faut réellement être passionné par son métier pour pour qu'une bonne dynamique s'impose, celle qui stimule la curiosité de l'autre. Il faut également faire preuve d'une grande clarté et humilité lorsqu'on aborde l'alchimie et les mécanismes de la création artistique.
Les hasards m'ont conduit à répondre en particulier à des propositions pour des acteurs amateurs de théâtre encadrés par des professionnels, généralement pour accompagner l'élaboration de spectacles en création ou pour des présentations publiques de stages pour acteurs. Le support naturel qu'offrent ces créations permet une confrontation très concrète dans l'action et dans le direct. D'autres ateliers m'ont été proposés avec des collégiens ou lycéens à l'occasion de spectacles en tournée dans les établissements scolaires, parfois aussi avec des élèves de primaire lorsqu'ils se déplacent au théâtre pour assister à une représentation.
L’objectif d'un tel atelier pédagogique est de faire découvrir et montrer aux élèves l'étendue du métier de scénographe, allant de l’architecture au théâtre, en passant par la conception d’expositions. Mais l’intérêt majeur est de leur offrir un moyen d’exprimer leur vision du monde et la transposer eux-mêmes sous forme de scènes.
Afin que l’atelier conjugue équitablement l’aspect intellectuel et théorique avec sa dimension concrète, je m’appuie sur l'élaboration d'un projet en concertation avec les enseignants. Il peut s’agir d’un spectacle en tournée dans les établissements ou d’un texte proposé au programme scolaire, ou encore d’un sujet d’actualité autour duquel peut être ressentie une nécessité d’aider les élèves à s’exprimer. Ainsi de nombreuses thématiques peuvent être explorées par le biais de ces scénographies imaginaires.
Le concept de cet atelier est simple, il repose sur trois principes : observer et comprendre / imaginer et proposer / réaliser et (s')exposer.
En filigrane de cet exercice ludique, sont abordées des questions importantes de dramaturgie, de sens. Nous apprenons à choisir un point de vue et à le justifier, à mener à terme une proposition artistique qui peut être parfois radicale, à exposer des idées aux autres et en débattre.
Nous développons également le sens de l'abstraction et de la transposition, de la narration, de l'ellipse, dans une recherche individuelle autant que dans un travail collectif.
Quatre à six heures sont nécessaires pour couvrir l'ensemble du processus, mais un travail plus approfondi peut s'étendre sur plusieurs semaines. Nous prenons ici l’exemple d’un atelier en lien avec une pièce de théâtre.
• En premier lieu nous faisons une "lecture scénographique" d'un texte ou extrait d'une pièce, qui permet de décrypter et décomposer les actions, et d'inventorier tous les signes, éléments, accessoires cités qui pourront constituer une sorte de "boîte à outils", source d'informations très utile pour démarrer le travail de conception.
• Après une synthèse collective de cette recherche, se détachent naturellement quelques grandes lignes, quelques pistes. Les élèves sont invités à proposer ce qu'ils imaginent sous forme de croquis, collages ou plans. Ils peuvent alors travailler individuellement ou en petits groupes, sur une ou plusieurs thématiques en fonction de ce qui s'est dégagé de la phase précédente.
• Nous passons ensuite à une étape plus concrète avec la réalisation de maquettes, sortes de boîtes à rêves dans lesquelles les élèves vont projeter leur imaginaire en trois dimensions. Nous utilisons à cet effet de simples boîtes de chaussures peintes en noir pour recréer en miniature les conditions de l’espace scénique d'une salle de spectacle.
• La dernière étape consiste à mettre en relief ces projets de scénographies, avec l’assemblage, collage des différents éléments. Puis nous refermons les boîtes et perçons une encoche sur l'un des côtés, celui du "quatrième mur", pour y placer l'oeil du spectateur. Ensuite d’autres encoches sont percées sur le couvercle de la boîte afin que la lumière puisse y pénétrer et révéler les dispositifs scénographiques créés.
A l’issue de l’atelier, une exposition peut être envisagée pour permettre à d’autres visiteurs de partager ces œuvres éphémères.
L'outillage requis pour ce type d'atelier est assez limité : une boîte en carton avec couvercle de préférence déjà peinte en noir. Des feuilles de papier de couleur, des échantillons de tissus, de la gouache, colle, règle, compas et équerres, ciseaux et pinceaux. Divers matériaux sont également utilisés pour habiller les éléments de décor et travailler sur les matières, notamment sur le sol du dispositif. Sable, sel, sciure, café en poudre, farine... prennent une force d'évocation particulière lorsqu'on les détourne de leur usage habituel. La prise en compte du sol est à mon sens primordiale dans la création d'une scénographie, il est le premier support de jeu, celui que foule l'acteur de ses pieds, qui donne une base et une esthétique à toute action, il peut à lui seul représenter un univers tout entier...
• Attestation de compétence professionnelle DRAC Languedoc-Roussillon 2015-2016
pour interventions dans les écoles, collèges et lycées de la région.